Selon les conclusions d’une récente étude de la Banque Nationale de Belgique (BNB), l’allocation des crédits bancaires bénéficie de manière excessive à des entreprises moins performantes, au détriment des firmes les plus productives et ce malgré le poids de ces dernières dans l’économie nationale.
Bien que les entreprises de la nouvelle économie soient souvent plus performantes et plus productives que des entreprises plus traditionnelles. Elles se heurtent à une difficulté importante: l’obtention de financement.
L’étude de la BNB a scruté les statistiques et les données de l’octroi de crédits bancaires en 2015. De celle-ci, il est possible de tirer plusieurs constatations.
Les jeunes entreprises démunies par rapport aux entreprises plus mûres
Il apparaît tout d’abord que l’ancienneté de l’entreprise influe directement sur sa probabilité d’obtention d’un prêt personnel. Les sociétés les plus anciennement créées sont en effet celles qui se sont vues octroyer l’essentiel des crédits bancaires. Les jeunes entreprises étant souvent à la peine pour décrocher des financements leur permettant de se développer.
Tel un rite de passage, il apparaît que c’est l’octroi du premier prêt personnel qui pose les plus grandes difficultés. Il ressort en effet de l’étude que, par rapport aux entreprises n’ayant jamais obtenu de crédit bancaire, les entreprises qui avaient déjà obtenu au moins un prêt personnel avaient deux fois plus de chance de s’en voir octroyer un nouveau ou d’obtenir une ligne de crédit supplémentaire sur un prêt existant.
Les banques tendent à favoriser le capital physique
L’étude de C. Duprez et Ch. Piette souligne que les investissements tangibles sont plus favorables par les banques. Puisque ces dernières y voient une possibilité de garantie. Néanmoins, une telle vision peut paraître dépassée puisque les données économiques montrent que les entreprises les plus performantes de la nouvelle économie sont bien souvent celles où le capital immatériel occupe une place prépondérante.
Quelle corrélation entre performance et capital immatériel ?
D’une part, c’est en fonction de sa productivité que s’estime la performance d’une entreprise. La productivité d’une entreprise se calcule en fonction de la plus-value de celle-ci par rapport aux autres entreprises du secteur.
D’autre part, c’est en matière de capital immatériel que se distinguent les entreprises les plus performantes puisque ces dernières préfèrent investir dans les frais de recherche. Mais aussi de développement, les brevets, les licences et les logiciels plutôt que dans du capital physique.
Or, un lien de causalité évident apparaît entre le capital immatériel d’une entreprise et sa performance économique. En effet, plus une entreprise investit dans la recherche, par exemple, plus elle sera à même de développer de nouveaux produits. Et donc de conquérir de nouveaux marchés. Il n’est néanmoins pas sûr qu’un tel argument, de manière étonnante, suffise à convaincre les banques.
Une réticence logique des banques
Il ne faut pas blâmer les banques pour leur frilosité à octroyer des prêts personnels aux acteurs de la nouvelle économie. En effet, leur aversion au risque s’explique essentiellement par le règlement prudentiel. Celui-ci impose aux établissements de crédit de prendre mille précautions. Notamment en matière de garanties.
Toutefois, l’impossibilité pour certaines jeunes entreprises, pourtant très performantes, d’accéder dans des conditions optimales à des financements bancaires, les pousse à se tourner vers des sources de financement alternatives telles que le capital risque ou les emprunts obligataires.